Histoire de Montdidier

Livre IV - Chapitre II - Section LVII

par Victor de Beauvillé

PUCELLE (Pierre-Claude-Hippolyte) naquit le 20 avril 1750 ; il était fils de Claude-Hippolyte Pucelle et de Marie-Jeanne de Parviller. Après avoir terminé ses études à Paris, Pucelle entra dans la magistrature, et fut successivement avocat du roi au bailliage, subdélégué et procureur de la ville : il remplissait la première de ces fonctions au moment de la Révolution. Nommé accusateur public le 12 janvier 1791, il était procureur syndic du district lorsqu'il fut élu député suppléant à l'Assemblée législative ; il y siégea à partir du mois de mars 1792, et revint à Montdidier peu de temps après les événements du 10 août. Élu maire de Montdidier en 1793, Pucelle donna dans les idées révolutionnaires sans qu'on ait cependant à lui reprocher aucun acte sanguinaire : la crainte eut peut-être chez lui autant de part que la conviction dans le triste rôle qu'il joua à cette époque. Le 13 mars 1794, il fut élu juge de paix ; nommé juge au tribunal de première instance lors de sa création en 1800, il fut, l'année suivante, appelé aux fonctions de président ; il donna sa démission en 1816, et mourut le 22 mai 1819, dans sa soixante et dixième année.

Pucelle avait de l'instruction et aimait le travail : la plus grande partie de sa vie s'écoulait dans son cabinet, au milieu de ses livres ; il en faisait des extraits, et mettait sur le papier les réflexions que lui suggéraient ses lectures ; il écrivait beaucoup, comme presque tous nos anciens magistrats : sa plume fut toujours au service de ses concitoyens. En 1790, il prit chaudement la défense de notre ville dans la lutte acharnée qui s'éleva entre Roye et Montdidier, relativement au placement des établissements judiciaires et administratifs. Paroissien du Saint-Sépulcre, il réclama instamment la conservation de cette église, et ses efforts furent couronnés de succès. Tous les ans, le jour de la fête patronale, on chante le salut à son intention. En 1811, il publia, en tête de l'Office de cette paroisse, une petite notice qui malheureusement n'est pas exempte de fautes ; pour n'en citer qu'une seule, l'auteur prétend que cette paroisse existait dès le neuvième siècle. Notre compatriote expiait par ces pieuses occupations les erreurs de son passé. Pendant la Révolution, il fit transformer en temple de la Raison l'église de Saint-Pierre, composa les devises sacriléges qui décoraient les piliers, monta en chaire et ouvrit le bal avec la déesse de la Raison. En 1803, il reçut à la porte de cette même église et harangua solennellement M. Clausel de Coussergue, grand vicaire, et en 1806 Mgr Demandolx, évêque d'Amiens : c'était une sorte de compensation. Sous l'empire, Pucelle devint dévot ; il fut marguillier, confrère zélé de Saint-Luglien, grand amateur des cérémonies religieuses et des cloches, qu'il faisait autrefois dépendre et envoyer à la fonderie. Sur la fin de ses jours, il faisait porter un fauteuil aux Montelettes, et de là se délectait à entendre le carillon du Sépulcre. Sa mort fut celle d'un véritable chrétien : il avait fait ouvrir la porte de son appartement, afin que le public pût être témoin de son repentir, et il écouta avec autant de recueillement que de résignation l'allocution peu mesurée et les reproches indiscrets du curé de Saint-Pierre.

Pucelle avait épousé une demoiselle Sorel ; il eut deux filles qui ont quitté le pays : c'est une famille éteinte.

On a de notre concitoyen les opuscules suivants :

Réponse de la ville de Montdidier aux observations présentées à MM. les électeurs du département de la Somme, au nom de celle de Roye, relativement au partage des établissements du district entre cette ville et celle de Montdidier. Amiens, J. B. Caron, 1790, in-8°, 16 pages.

Opinion de M. Pucelle, député du département de la Somme, sur la dénonciation faite à l'Assemblée nationale le 26 juin 1792, séance du soir, par M. Bazire, de l'arrêté pris par le directoire du département de la Somme, le 22 juin 1792, onze heures du matin, au sujet des événements qui se sont passés au château des Tuileries le 20 du même mois, et de l'adresse au roi rédigée en conséquence dudit arrêté, et présentée au roi le 24 juin suivant. Imprimerie royale, in-8°, trois pages d'impression.

Office propre de la fête patronale de l'église paroissiale du Saint-Sépulcre de Montdidier, diocèse d'Amiens. Montdidier, Moussette, 1811, in-16.

Le père de Pucelle, ancien premier assesseur en la mairie de Montdidier, s'occupait beaucoup d'astronomie ; il a laissé de nombreux manuscrits où il inscrivait jour par jour le résultat de ses observations. Le Journal encyclopédique, du mois d'avril 1777, contient de lui la description d'un phénomène céleste observé à Montdidier. (Pièce just. 54.)

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