Histoire de Montdidier

Volume III - Pièce justificative 104

par Victor de Beauvillé

Pièce justificative 104

Note sur les Bénédictins.

Les Bénédictins avaient l'usage du monde et entretenaient avec les habitants des relations agréables, sans cependant sortir beaucoup du prieuré. Leur maison était amplement pourvue de ce qui peut embellir l'existence du sage ; ils menaient une vie douce et tranquille, et faisaient parfaitement les honneurs de leur table. Lorsque le couvent fut fermé, le cuisinier des moines s'établit à Montdidier, où sa présence opéra des prodiges et produisit une révolution des plus heureuses ; en mettant ses talents au service du public, il perfectionna les dispositions naturelles de nos concitoyens et les initia à des mystères culinaires inconnus jusqu'à lui. Son immense savoir a laissé des souvenirs qui ne s'effaceront de longtemps. C'était un homme grand et sec, à l'air imposant et doctoral, ne parlant que par sentences et avec cette autorité que donne la conscience du vrai mérite ; avant de consacrer ses veilles au service des Bénédictins, il avait été, c'est tout dire, cuisinier de l'archevêque de Reims. il se nommait Clavier : M. Chevrier, son petit-fils, aujourd'hui retiré dans la capitale, soutenait dignement la réputation de son illustre aïeul ; son éloignement a été pour tous les hommes de goût une cause de chagrins profonds.

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