Histoire de Montdidier

Livre IV - Chapitre II - Section XX

par Victor de Beauvillé

COUSIN (Jean-Louis-Lugle-Luglien), né le 13 septembre 1763, était fils de Jacques-Luglien Cousin, avocat en parlement, maire de Montdidier de 1765 à 1768, et de Marie-Jeanne-René de la Morlière. M. Cousin fut un de ces petits prodiges qui ne justifient pas toujours dans un âge plus avancé les espérances que leurs premières années faisaient concevoir. Il n'avait pas huit ans lorsqu'il soutint, à Amiens, une thèse publique sur les mathématiques, qui excita un étonnement général dans la province. L'annonce de ce fait extraordinaire est ainsi rapportée dans les Affiches de Picardie, Artois et Soissonnais, du 22 juin 1771 :

« On sera sans doute surpris d'apprendre que l'écolier de physique dont nous annonçons la thèse n'a que sept ans et demi, et qu'en moins de huit mois il ait appris la multitude des choses que porte son programme. Voilà de quoi augmenter la liste des enfants célèbres de Baillet. Deux de nos plus grands géomètres, Pascal et Clairaut, ne partirent pas plus tôt pour arriver au but où nous pouvons prédire qu'atteindra M. Cousin. La géométrie est la clef de toutes les vérités philosophiques, et on peut augurer ce que doit opérer un instrument aussi fin manié par des mains déjà si adroites. Déjà ce géomètre précoce, non-seulement conçoit très-nettement toutes les vérités contenues dans sa thèse, mais sur des objets disparates, s'il en est de disparates à la géométrie, il sent la vérité d'un principe, là justesse d'un raisonnement et la liaison de tout ce qui peut y avoir rapport. La géométrie élémentaire est la logique par excellence. On ne saurait trop tôt y appliquer les enfants ou du moins les jeunes gens. Voilà bien un exemple fait pour le prouver, si pourtant un pareil sujet peut être tiré à conséquence.

Quoique ces sujets-là semblent être sortis tout faits des mains de la nature, l'art du maître qui les dirige n'en mérite pas moins d'éloges. M. l'abbé Renard était digne d'un pareil élève, et tous les écoliers qui seront dignes de l'avoir pour maître annonceront jusqu'où il pousse les sciences qu'il leur enseigne, et combien est parfaite sa méthode de les enseigner.

Ainsi l'habileté du maître, les talents et l'âge du disciple répondant, concourront à rendre cet exercice très-intéressant. »

M. Cousin se livra à l'étude des lois et se fit recevoir avocat. Sous l'Empire, il entra dans les droits réunis, et fut placé en Hollande ; il occupait, sous la Restauration, les fonctions de receveur principal des contributions indirectes à Montdidier, et mourut à Paris, sans laisser d'enfants, le 20 décembre 1846. Avec lui s'éteignit la famille Cousin, une des anciennes familles de magistrature de Montdidier. M. Cousin de Beaumesnil, maire en 1791, et président du tribunal de première instance de 1818 à 1839, était frère de celui dont nous venons de parler ; il est auteur du discours imprimé dans la Délibération de la ville de Montdidier, etc., dont il est question au chapitre de la Bibliographie. Les Cousin portaient pour armoiries : d'argent, à trois fleurs de lis, 2 et 1, accompagnées de deux mouches d'hermine en pointe, et en cœur d'un écusson surmonté d'une croix, le tout de gueules.

Thèses de mathématiques, où seront démontrées les principales vérités théoriques et pratiques du calcul, de l'analyse, de la géométrie et de la trigonométrie élémentaires, des sections coniques, de la sphère, et de l'astronomie optico-systématique.

Ces thèses seront soutenues dans la salle des actes du collége d'Amiens, le mardi 25 juin 1771, par Mr L. L. L. Cousin de la Morlière, de Montdidier.

L'exercice commencera à 4 heures du soir et durera jusqu'à 6. Amiens, Godard, 1771, in-4°, 24 pages.

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