Histoire de Montdidier

Livre II - Chapitre I - Section III

par Victor de Beauvillé

Section III

Tombe de Raoul de Crépy

Crucifix d'Adrien de Hénencourt

Chapelle du Saint-Sépulcre

Ancienne verrière

Fonts baptismaux

Chapelles de Sainte-Philomène et de la Trinité

 

Dans le bas-côté gauche, contre le mur du fond de l'église, on remarque la tombe de Raoul de Crépy, comte de Montdidier ; nous avons dit au liv. Ier chap. III, p. 61, par suite de quelles vicissitudes cette tombe était venue prendre place à Saint-Pierre.

Raoul de Crépy est représenté couché, revêtu d'une robe garnie de fourrures et fendue sur le côté : cette robe lui descend au-dessous des genoux ; les manches sont larges, et tombent un peu plus bas que le coude l'avant-bras est serré dans une première manche très-étroite. Raoul a les mains jointes sur la poitrine ; une épée à poignée droite, de 1 mètre de long sur 0m,07 de large, lui pend au côté ; le fourreau est entouré d'une lanière de cuir ; à sa gauche était sa lance, dont il ne reste que des fragments. La tête, recouverte d'une calotte nouée sous le menton, est appuyée sur un coussin soutenu par un ange ; les cheveux sont coupés courts sur le front et roulés autour du cou, point de barbe. Le comte est chaussé de souliers lacés sur le côté ; ses pieds posent sur un lion qui saisit un chien à la gorge et cherche à l'étrangler ; les jambes sont entièrement détachées de la pierre, et c'est véritablement un miracle que depuis tant de siècles elles n'aient point été brisées. Le corps a 1m,80 de long. La tête de l'ange, les doigts et le nez de Raoul ont été cassés ; mais ces mutilations sont peu de chose, si l'on pense à l'ancienneté de cette pierre tumulaire, qui a près de huit cents ans d'existence. Le costume est d'une exactitude incontestable, et la ressemblance aussi parfaite que possible. Raoul, ainsi que le rapporte Guibert de Nogent, avant fait faire son tombeau de son vivant, on peut dire sans exagération qu'il a posé pour l'exécution de la statue qui se trouve dans l'église Saint-Pierre : aussi a-t-elle une valeur qui lui est propre, et est-elle digne à tous égards de fixer l'attention des antiquaires.

La statue du comte de Crépy et la pierre sur laquelle elle repose ne forment qu'un seul morceau de 2m,15 de longueur sur 0m,80 de largeur ; c'est une pierre grise d'un grain serré ; on l'a placée sur un dé de maçonnerie, où l'on a gravé cette inscription moderne :

RAOUL DE CRÉPY, COMTE DE MONTDIDIER,
MORT EN 1064.

C'est un anachronisme patent. Lorsqu'on se mêle de faire des épitaphes, il faudrait étudier la vie des personnages dont on parle, et ne pas les faire mourir dix ans avant leur mort ; rien de fâcheux comme ces bévues : le public lit l'inscription, la retient, et l'erreur se propage.

On doit apporter le plus grand soin à la conservation de la tombe de Raoul ; c'est, comme objet historique, ce que la ville renferme de plus curieux ; il serait urgent que la fabrique la fît entourer d'une grille, et l'on est surpris que cette mesure de précaution n'ait pas été déjà adoptée : devons-nous supposer que le mérite archéologique de cette tombe n'est point compris ? [cf. SUPPLÉMENT] Les monuments funéraires du onzième siècle sont extrêmement rares ; notre pays n'en possède aucun autre : dans toute la Picardie on ne pourrait peut être pas en citer un seul aussi ancien, aussi bien conservé, et auquel se rattachent autant de souvenirs qu'à celui dont nous venons de parler.

Au-dessus du tombeau de Raoul, un grand crucifix de bois appliqué contre la muraille attire les regards. L'anatomie laisse beaucoup à désirer : les bras, trop allongés, sont d'une maigreur extrême, mais la tête a de l'ex-pression : la roideur de la pose et le tablier qui descend jusqu'aux genoux donnent à ce crucifix une grande ressemblance avec les christs byzantins : il vient de l'église de Notre-Dame, à laquelle il avait été donné par Adrien de Hénencourt, prieur de 1486 à 1496. Ce christ était, avant la Révolution, l'objet de la vénération des fidèles, qui lui baisaient religieusement les pieds : échappé miraculeusement à la fureur des iconoclastes de 1793, il faillit devenir, il y a une vingtaine d'années, la victime d'un vicaire de Saint-Pierre. L'abbé D..... très-peu connaisseur en antiquités, avait l'incroyable idée de faire enterrer ce christ, qu'il trouvait trop laid ; dans son ardeur pour le neuf et le blanc, cet ecclésiastique, armé d'un ciseau, allait grattant toute l'église, faisant sauter impitoyablement les restes des nervures et les trèfles fleuris qui s'épanouissaient sur la porte de l'orgue. Si on l'avait laissé faire, disait le vieux bedeau Bazart, il aurait mis les fondations à la place du clocher.

Trois chapelles occupent le bas côté gauche de l'église. Dans la première, dite du Sépulcre, est placé un tableau d'autel sur bois, haut de 1m,65 sur 1m,20 de large. Ce tableau, représentant l'Ecce Homo, était en fort mauvais état. Au mois de janvier 1856, un nominé Riguèle, de la province de Namur, soi-disant peintre, passa à Montdidier, et, moyennant 175 fr., offrit de nettoyer et de restaurer tous les tableaux de l'église, à l'exception de ceux du chœur ; il était porteur de nombreux certificats délivrés par des ecclésiastiques, ce qui, joint surtout à la modicité du prix dont il se contentait, fit accepter son offre. En travaillant au tableau de l'Ecce Homo, il découvrit, sous les pieds du Christ, un monogramme en lettres cursives, assez compliqué, qu'il déclara être celui d'Albert Durer ; il le connaissait, disait-il, parfaitement. Cette nouvelle causa un grand émoi parmi le très-petit nombre de nos concitoyens qui s'intéressent aux œuvres d'art. Nous avons vérifié, dans Brulliot et dans Siret, le monogramme d'Albert Durer, et nous avons reconnu qu'heureusement il n'avait aucune ressemblance avec celui qui est au bas du tableau en question : nous disons heureusement, car, depuis la transformation que cette peinture a subie, si l'on avait eu un original du fameux peintre de Nuremberg, on ne pourrait, à présent, qu'en déplorer la perte. Nous avons hésité à faire reproduire ce monogramme ; comme il a été retouché, on ne sait ce qu'il était dans son état primitif.

Au-dessous du cadre on lit :

CE. TABLEAU. EST. OFFERT. A. DIEU. PÕ. LA. DECORATION. DE. CEANS. PAR. DEFFUNCTS. Mer. FRANÇOIS GAMBART. VIVANT. CONTROlleur AU. MAGASIN. A. SEL. ET. ANTIEN. MAIEUR. DE. CEST. VILLE. DE. MONDIDIER. ET. DAMoiselle JEHENNE. NORMANT. SA. FEMME. PRIEZ-DIEU. POUR. EUX. 1624.

Le groupe de pierre du Christ au tombeau est composé de huit personnages d'une exécution assez faible ; les vêtements ne sont pas trop roides, mais les têtes sont grêles et maniérées ; il y a dans l'expression des figures une afféterie tout à fait déplacée. Ce tombeau est encadré dans un petit corps d'architecture faisant saillie sur la muraille, et composé de deux colonnes cannelées, corinthiennes, reliées par un entablement d'ordre dorique en portion de cercle, qui couronne le tombeau ; cette ornementation n'est pas en rapport avec l'architecture de l'église.

Une verrière où est peinte la Transfiguration de Notre-Seigneur éclaire la chapelle. Elle est divisée en trois compartiments formant deux plans distincts. Dans celui du haut, on voit au milieu Jésus-Christ entouré d'une auréole d'or de figure elliptique ; le visage du Sauveur est d'or et brillant comme le soleil, suivant ces paroles de l'Évangile : Et resplenduit facies ejus sicut sol. Les mains et les pieds sont également d'or ; la tête est environnée d'un nimbe de feu crucifère, la robe est blanche. Au-dessus du Christ se trouvent le Saint-Esprit sous la forme d'une colombe, et, plus haut, le Père éternel : à droite du Sauveur, sur un nuage, Moïse tient les tables de la loi. Sur un philactère gracieusement déroulé autour de sa tète, on lit : Nemini dixeritis visionem donec ; à gauche du Christ est le prophète Élie, coiffé d'un chaperon et revêtu d'un riche costume du quinzième siècle ; sur le philactère qui l'entoure, on déchiffre le reste de la devise commencée par Moïse : filius hominis a mortuis resurgat. Dans le plan inférieur, au-dessous du Christ, on voit l'apôtre saint Jacques, la tête et les bras levés vers son divin maître ; au-dessous de Moïse est placé saint Pierre, avec ce verset de l'Évangile sur un ruban flottant : Domine bonum est hic esse : si vis, hic faciamus tria tabernacula ; tibi unum, Moysi unum, et Eliae unum. Le prince des apôtres a la tête et le bras gauche tendus vers le Fils de Dieu ; la main droite est posée sur l'épaule du donateur de cette verrière, Pierre de Vuignacourt, qu'il semble prendre sous sa protection et présenter à Notre Seigneur. Pierre de Vuignacourt est à genoux, tête nue, les mains jointes, vêtu d'une tunique de velours ponceau bordée d'or, avec l'épée au côte, les brassards, les cuissards et les éperons. Devant lui, un prie-Dieu supporte un livre ouvert ; au-dessous sont ses armes : d'argent, au chevron de gueules accompagné de trois molettes de sable, 2 et 1, au chef d'azur char de trois fleurs de lis d'or au pied nourri. Timbre : un heaume d'argent. Cimier : une tête de griffon d'or côtoyée d'un vol de même. Supports : un lion et un griffon d'or.

Il existait deux familles de Vuignacourt, l'une en Picardie, l'autre en Artois ; les armes reproduites sur la verrière sont celles des Vuignacourt d'Artois. Une branche de cette famille était venue s'établir à Montdidier, par suite du mariage de Regnault de Vuignacourt avec Marguerite d'Avesne, dame de Faverolles, Etelfay, etc. La maison et le bois d'Avesne étaient situés entre les limites de la banlieue et le village de Faverolles ; le bois a été défriché vers 1680 ; le terrain appartient aujourd'hui à l'hôpital de Montdidier. Pierre de Vuignacourt, écuyer, seigneur de Faverolles, fut maïeur en 1506-1507 et de 1521 à 1524 ; capitaine de Montdidier depuis 1492 jusqu'en 1523, il rendit de grands services aux habitants. Regnault de Vuignacourt, son père, mort en 1471, était enterré dans l'église Saint-Pierre.

Du côté opposé à Pierre de Vuignacourt, se trouve l'apôtre saint Jean, au-dessus duquel apparaît la Jérusalem céleste ; il tend la main droite vers le Christ, et appuie la gauche sur l'épaule d'un autre personnage qu'il présente au fils de Dieu. Ce personnage est Jean Cailleu, maïeur de Montdidier.

Il est vêtu d'une grande robe violette à larges manches bordées de fourrures, qui lui couvre tout le corps ; il est chaussé de bas rouges et de souliers arrondis retenus sur le cou-de-pied par une bande d'étoffe. Jean Cailleu a la tête nue, les cheveux longs ; il est à genoux, les mains jointes, devant un prie-Dieu recouvert d'une draperie bleue, et sur lequel est un livre ouvert. Au bas sont ses armes : d'argent, à deux fasces de gueules. Timbre : un casque d'argent, avec une roue de même pour cimier. Supports : deux lions d'or.

ll y eut deux maires du nom de Jean Cailleu. Le premier était seigneur de Béthisy et du Forestel, et possédait la charge de grènetier à Montdidier ; il fut maïeur de 1481 à 1484, et anobli en 1496. La ville s'opposa à ses lettres de noblesse. Jean Cailleu fit commettre Pierre Carton, lieutenant à Roye, son gendre, pour faire l'information ; mais, au mois d'octobre 1497, il renonça à ses titres d'anoblissement, et mourut l'année suivante : sa femme se nommait Jacqueline Parmentier. Jean Gallien, son fils, seigneur de Plainval et de Villers-aux-Érables, fut maïeur en 1512 et 1513 ; il succéda à son père dans la place de grènetier, et donna, conjointement avec Pierre de Vuignacourt, la verrière que nous venons de décrire.

Cette verrière, dont M. Dusevel a un peu exagéré le mérite pour déprécier outre mesure les vitraux du chœur, n'appartenait pas à l'église ; elle provient de la chapelle de l'Hôtel-Dieu, vendu en 1832 ; à cette époque, elle fut enlevée et transportée avec soin à la place qu'elle occupe. [cf. SUPPLÉMENT] Il est fâcheux qu'on ne l'ait point mise dans le bas-côté droit : les personnages auraient été dans les mêmes conditions qu'à l'Hôtel-Dieu, tandis qu'à présent ils tournent le dos à l'autel ; cette disposition eût été d'ailleurs plus favorable à la verrière, car, à l'endroit où elle est, le grand jour de la fenêtre près du portail vient l'éclairer à faux et nuit à son effet.

La seconde chapelle du bas-côté gauche est celle des fonts baptismaux, appelée autrefois la chapelle de Saint-Antoine. Les fonts baptismaux sont fort anciens, et offrent tous les caractères de la transition du style byzantin au style roman. La cuve est creusée dans un bloc de marbre de Tournay, de 1m,6 de largeur sur 1m,8 de longueur et 0m,27 d'épaisseur ; elle repose sur un gros pilier rond de même marbre, orné seulement de deux moulures grossières. Aux quatre angles de la cuve il y avait anciennement des colonnes, courtes et grosses, s'appuyant sur une base carrée de marbre ; on en voit encore les traces ; on les a remplacées en 1853 par des colonnettes de bois. La hauteur des fonts est de 1m,3 centimètres. Les quatre angles formés par l'excavation de la cuve sont remplis de sculptures représentant des animaux fantastiques, des oiseaux entourés de feuillage, une tête d'homme et une croix. Deux des quatre faces latérales figurent un portique composé de huit arcades à plein cintre, séparées par des colonnettes alternativement torses et droites, à chapiteaux cubiques. L'intervalle entre les colonnes paraît avoir été gratté ; peut-être renfermait-il quelques petits personnages. Sur le troisième côté, on voit un cep de vigne, et sur le quatrième, le Christ enseignant ; des grappes de raisin sont sculptées à l'entour.

Les fonts baptismaux peuvent remonter au onzième siècle : placés autrefois dans le bas-côté, près de la tombe de Raoul, ils ont été transportés, en 1831, dans la chapelle où ils sont actuellement. C'est tout ce qui reste de la première église de Saint-Pierre, dont parlent la charte de Thierri et les bulles des papes Alexandre III et Urbain III ; on doit les conserver avec grand respect. Combien de générations se sont succédé sur ces fonts ? A une époque voisine de la nôtre, on avait eu la barbarie de peindre en marbre rouge et blanc ce vénérable baptistère ; il a été nettoyé avec soin en 1853, lorsqu'on posa le couvercle qui le recouvre. Ce couvercle est de chêne, et a la forme d'une coupole. Les seize colonnes torses, de 0m,16 de hauteur, qui la supportent, sont la reproduction exacte de celles que l'on voit sur la cuve baptismale ; derrière elles règne une galerie ornée de colonnettes semblables, engagées et reliées par un are plein cintre. Sur la frise qui surmonte les colonnes, on lit en caractères gothiques : Docete omnes gentes baptizantes eos in nomine Patris et Filii et Spiritus sancti ; au-dessus de l'inscription sont sculptés des oiseaux becquetant des raisins, des animaux fantastiques et des branches de feuillage.

La coupole est divisée en huit sections : quatre représentent les instruments de la Passion, groupés avec art autour d'une croix de forme variée ; dans les autres sont figurés les quatre évangélistes en demi-relief, encadrés dans un ordre d'architecture du douzième siècle, dont les colonnes, le chapiteau et l'archivolte sont différents. A côté des évangélistes se détachent en grand relief les attributs qui leur sont propres, l'aigle, l'ange, le bœuf et le lion ; ils sont largement traités et regardent la croix qui les domine.

Les huit sections sont séparées entre elles par des montants sculptés qui forment comme les arêtes de la coupole. On y voit le poisson dont le nom grec ΙΧΘΥΣ rappelait les lettres initiales de Jésus-Christ, fils du Dieu sauveur, un homme domptant un monstre ailé, et des oiseaux à queue de serpent buvant dans un calice, emblèmes consacrés dans le symbolisme chrétien. Au bas des montants on remarque l'archange saint Michel terrassant le démon, et les sept péchés capitaux figurés par des allégories composées et exécutées avec goût. Au sommet de la coupole est une boule entourée d'une couronne d'épines à jour, soutenue par quatre petits anges ; une feuille retombante l'enveloppe ; une croix, légèrement évidée, la surmonte et termine gracieusement le baptistère.

La hauteur totale du couvercle est de 1m,20 sur 0m,80 de diamètre dans la plus grande largeur ; deux degrés circulaires entourent la base, sur le second est gravé : Ego te baptizo in nomine Patris et Filii et Spiritus sancti.

Ce couvercle a été exécuté en 1851-1853 par MM. Caron et Félix Bennezon, menuisiers à Montdidier, sur les dessins de M. l'abbé Duneufgermain, premier vicaire de la paroisse actuellement curé de Framerville, dont l'empressement à concourir à l'embellissement de l'église ne se ralentissait jamais ; il a coûté 860 fr. ; c'est un don que j'ai fait à la paroisse où j'ai reçu le baptême. Le tableau d'autel de la chapelle des fonts représente le Christ mort sur les genoux de sa mère : c'est l'un des moins mauvais de l'église ; il a été donné, en 1814, par madame Gèneviève d'Ainval, veuve Desesquel : on y remarque un reste d'armoirie fort endommagé.

La troisième chapelle, dédiée à sainte Philomène, n'offre rien d'intéressant. Il n'y a pas plus de vingt ans qu'on s'est épris d'une belle ardeur pour cette sainte. Ce furent des neuvaines, des processions sans fin ; partout l'on dédia un autel en son honneur, et les registres de baptême s'enrichirent d'un nouveau nom. Cette chapelle était autrefois sous l'invocation de saint Marcoul, patron des épiciers et des drapiers. Pourquoi l'en avoir dépossédé ? Ne valait-il pas sainte Philomène ? Les saints ne devraient pas être un article de mode qu'il faille renouveler de temps à autre. A la fenêtre on voyait, au commencement du dernier siècle, une verrière où étaient peints deux personnages qui, d'après leur costume, pouvaient être, l'un un homme de guerre, l'autre un homme de robe ; à côté d'eux étaient leurs armoiries : de gueules, au chevron d'or accompagné de deux étoiles de même en chef et d'une tour d'argent en pointe. Un des deux écus avait pour cimier un lion issant d'or ; au-dessous on lisait : ... le maire bg. de Montdidier et Jean le maire ont donné ceste verrière l'an 1506, p. d. p. e.

D'autres chapelles se trouvaient à la suite de celle de saint Marcoul. La première était celle de la Trinité, fondée par la famille Hérault, dont on distingue les armes à la clef de voûte du bas-côté : d'azur, à trois croissants d'argent. La verrière représentait le mystère de la Trinité et un personnage ayant à ses côtés un écu d'argent à trois croissants d'or. Supports : un homme et une femme sauvages, d'argent, les cheveux d'or. Cimier : un aigle issant d'or. Au bas était écrit : Jean Hérault et sa, fe ont donné ceste verrière l'an 1514, p. d. p. e. La chapelle de la Trinité formait un bénéfice rapportant 200 liv., le titulaire était nommé par le chef de la famille Hérault et devait dire une messe par semaine à l'intention des fondateurs.

Venait ensuite la chapelle Saint-Jacques. Ces chapelles avaient été construites dans le seizième siècle, et décorées avec luxe. En 1572, on paya 315 liv. à Robert du Pré et à Nicolas Hoquet pour la voussure de la chapelle Saint-Jacques et autres ouvrages ; elles furent démolies en 1739 ; les balustrades de bois qui leur servaient de clôture arrêtaient, disait-on, la voix du prédicateur, et empêchaient de voir ce qui se passait dans l'intérieur.

C'est à cette époque que l'on modernisa l'église. Le curé Claude Thory, suivant la manie du siècle, promena la brosse jusque dans le plus petit recoin de l'édifice ; il fit peindre, blanchir et dorer sans rien respecter : vainement quelques paroissiens protestèrent ; la multitude, admiratrice de tout ce qui brille, ne tarda pas à l'emporter, et son sentiment prévalut sur la juste réprobation d'un petit nombre de gens de goût. Contre le lambris, après la chapelle de Sainte-Philomène, on voit le Crucifiement de Notre-Seigneur, vieux tableau sur bois de l'école flamande : il y a du mouvement et de la variété dans les groupes.

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