Montdidier, le 14 prairial an iii (2 juin 1793).

Citoyen représentant,

Le décret de la convention qui rend aux communes les édifices servant au culte a comblé ici le peuple de joye, malgré les dépenses que la réparation de ces édifices va luy occasionner. Depuis hier je suis accablé de prières et d'instance de la part de la commune de Montdidier et de celles des campagnes les plus voisines pour vous adresser, citoyen représentant, la réclamation qu'elles font de leurs livres d'église qui leur ont été arrachés, qui sont actuellement au directoire de Montdidier, et qui doivent partir incessamment pour Amiens, d'après vos ordres.

Je me suis laissé persuader de vous écrire, citoyen représentant, par la considération du peu d'utilité pour la république d'un si faible objet, dont les frais de transport balanceront et peut-être surpasseront la valeur réelle ; vous vous acquerrez de nouveaux droits à la reconnaissance du peuple. . . . .

Le représentant du peuple Froger, n'ayant plus de réquisitions à faire dans notre district, en est parti hier. . . . .

Levavasseur.

L'exécuteur des hautes œuvres religieuses et littéraires du département de la Somme était un fabricant de papiers d'Amiens, qui envoyait sans pitié au pilon les chefs-d'œuvre de l'esprit humain ; au reste, il était parfaitement à la hauteur de sa mission, et voici un échantillon de la correspondance de ce digne émule du calife Omar :

Liberté et Égalitéé.

« J'ai sousignez fabriquand de papier au faubour dehen banlieux damiens et commune idem avoire recu du citoyen Desachy garde magasin du district de Mondidier la quantitéé de miselle de retuel et autre livre déglise qui me sont mise entre les mains pour la refonte suivant l'exécution du décret du 6 jerminale an deuxième et sur le pouvoire du représentant du peuple en mission dans le département delassomme fait au faubour de han damiens le seize preriale troisième année républicaine. Corbinière, fabricand de papiers Amiens. »

Corbinière avait envoyé à Montdidier un messager porteur de ce billet, à l'effet de se faire remettre tous les livres d'Église, mais M. Levavasseur refusa de satisfaire à sa demande.