VUION (Ézéchiel) était fils de Claude Vision, maïeur de Montdidier de 1560 à 1562. Après avoir exercé quelque temps les fonctions de lieutenant particulier au bailliage, il acheta une charge de maître des comptes à Paris ; les talents qu'il déploya attirèrent sur lui l'attention de Henri IV, qui le chargea d'une mission diplomatique en Angleterre. Vuion réussit dans sa négociation, et répondit dignement à la confiance du roi ; mais pour son malheur, il ne sut point diriger ses propres affaires avec la sagesse qu'il avait montrée en conduisant celles de l'État ; il se livra à des dépenses excessives : le jeu et les femmes le ruinèrent et le conduisirent à finir tristement ses jours à la Conciergerie, où il mourut en 1630, à l'âge de soixante-quinze ans. « Les maîtres des comptes (ses collègues), touchés de sa position, » dit le P. Daire, « lui firent donner, tant qu'il y vécut, quatre quarts d'écu d'or par jour et deux habits chaque année. » Il nous semble que quatre quarts d'écu d'or, autrement un écu d'or, sont une somme un peu forte pour un prisonnier : ne serait-ce pas un quart d'écu que le P. Daire a voulu dire ? c'est plus probable.

Ézéchiel Vuion avait fait bâtir la grande maison de pierre, ornée de pilastres cannelés, qui se trouve dans la rue Parmentier, presque en face de l'église du Saint-Sépulcre ; cette maison fut très-longtemps habitée par la famille de Romanet, dont une fille épousa Jean Racine. Anne d'Autriche y logea lors de son passage à Montdidier ; Louis XIV y descendit également. Avant la Révolution, cette maison était occupée par M. de Louvencourt, ancien maire de Montdidier, allié à la famille de Romanet ; elle passa ensuite à différents propriétaires, et finit par être morcelée et par former plusieurs logements. Des constructions récentes, élevées sur la rue, masquent entièrement la façade de cette demeure et la dérobent aux regards ; aussi y a-t-il des personnes qui n'en soupçonnent même pas l'existence.