Histoire de Montdidier
Livre IV - Chapitre II - Section III
par Victor de Beauvillé
BELLIN (Jacques), était un de ces rimeurs du dix-septième siècle qui passaient leur temps à disséquer des mots pour en faire des anagrammes d'une obscurité quelquefois impénétrable, dit le P. Daire ; celle d'Adrien de la Morlière, placée en tête de l'édition in-folio des Antiquités de la ville d'Amiens, est dans ce genre un chef-d'oeuvre incroyable. Daire a oublié d'ajouter que, pour composer ce galimatias, Jacques Bellin eut un collaborateur de Paris, nommé Javersy : pour produire une œuvre pareille, ce n'était pas trop de deux auteurs ; Bellin n'est donc qu'à moitié coupable de ce méfait littéraire.
Jacques Bellin, sur lequel nous n'avons d'autres renseignements que ceux qui nous sont transmis par l'historien de la ville de Montdidier, mourut à la fleur de l'âge ; il était fils de Raoul Bellin, avocat et poète, mais, ajoute le P. Daire, le fils fut regardé comme meilleur poète que le père : ce n'est pas assurément faire l'éloge de ce dernier. Nous ignorons quelles sont les productions échappées à la plume de Raoul Bellin : le voile de l'oubli les recouvre, et leur perte ne doit inspirer aucun regret, surtout si ses poésies étaient plus mauvaises que celles de son fils, ce qui paraît fort difficile.
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