Histoire de Montdidier
Livre II - Pièce justificative 72
par Victor de Beauvillé
Pièce justificative 72
Construction du portail de l'église du Saint-Sépulcre.
1853-1855.
La démolition de l'ancien portail a commencé le 11 mai 1853, le cintre du porche actuel a été ferme le 8 décembre suivant, la grosse maçonnerie a été terminée le 13 juin 1854 ; les pierres viennent de Saint-Maximin, près Creil, et ont coûté : le vergelé, 12 et 15 fr. le mètre cube, sur place ; plus 20 à 25 fr. de transport jusqu'à Montdidier ; la roche, 35 à 40 fr. sur les lieux d'extraction, et 25 à 28 fr. pour le transport ; les grès qui forment la base ont été pris à Vrely, canton de Rosières, et coûtaient sur place 20 fr. le mètre carré, avec 0m,40 de queue ; le transport les mettait à 25 fr. le mètre.
L'entrepreneur, M. Louis Galand, s'était chargé des travaux et des fournitures pour la somme de 20,000 fr. (le devis montait à 22,000 fr.) ; mais les réparations importantes qu'il fallut faire à la grosse tour et à l'angle opposé firent dépasser de 3,500 fr. la soumission primitive. Les travaux auraient pu être achevés plus tôt, mais il y eut des temps d'arrêt occasionnés par le défaut d'arrivage des matériaux et par des retards de l'architecte dans la remise des dessins servant à la coupe des pierres : cinq ou six ouvriers au plus travaillaient ensemble au portail ; ils étaient de Caix et de Montdidier, et soutinrent dignement leur ancienne réputation : le portail du Sépulcre n'a rien à envier à celui de Saint-Pierre.
Le sculpture a été commencée le 28 juin 1854, et finie le 20 septembre 1855. M. Lepinoy, qui l'a faite entièrement, dut interrompre son travail pendant l'hiver, qui fut rigoureux et prolongé. MM. Duthoit, dont le concours n'a jamais manqué à M. Herbault, et qui autant que lui peuvent revendiquer leur part dans l'exécution de l'œuvre, s'étaient engagés à faire exécuter la sculpture pour 3,000 fr. ; mais des augmentations nombreuses, reconnues indispensables pour donner au portail toute sa perfection, portèrent cette partie de la dépense à 4,415 francs. Les statues qui garnissent les niches ne sont pas comprises dans cette somme ; elles coûtent 500 fr. chacune et sont de M. Louis Duthoit ; on évalue à 1,500 fr. les douze petits groupes de la voussure. Le perron a coûté 900 fr. ; il est de pierre d'Ecaussines, près Mons. La grille, le dallage, la menuiserie des anciennes portes, les restaurations à faire au clocher et la pose de la galerie supérieure en pierre feront monter la dépense à 40,000 fr. : dans le principe on ne pensait pas aller au delà de 32,000 fr. ; mais il y a toujours le chapitre de l'imprévu. Les honoraires de l'architecte s'élèvent à 1,800 francs.
Au mois de mai 1855, le préfet, se trouvant à Montdidier pour la révision, alla examiner les travaux et accorda 500 fr. sur les fonds départementaux ; le 31 mai 1856, alors que le portail était terminé depuis plus de huit mois, le conseil municipal se décida enfin à voter une somme de 1,000 fr. ; mieux vaut tard que jamais : à tout péché miséricorde.
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